FKT: Camerlo Grégory - GR20 (Corsica, France) - 2025-07-24

Athletes
Route variation
Aller - Retour
Multi-sport
No
Para athlete
No
Gender category
Male
Style
Supported
Start date
Finish date
Total time
4d 16h 31m 6s
Report

Je me présente, Grégory Camerlo, 34 ans, ultra traileur depuis des années et à la recherche quotidienne de nouveaux défis toujours plus fous les uns que les autres.

J'ai poursuivi un projet qui me tenait à cœur, car au-delà du conflit entre l'Azerbadjian et l'Arménie, il s'agit de millions de victimes qui sont impactées chaque jour. Vous me direz que c'est le cas pour d'autres nations, vous aurez raison et vous aurez également du mal à comprendre pourquoi ai-je choisi l'Arménie ? Tout simplement car il s'agit de poursuivre un premier projet pour lequel j'ai œuvré et soutenu "mon père spirituel" : Pierre Kaftandjian.

Ce premier projet m'a sensibilisé à la situation de nos amis Arméniens et il a permis de venir en aide à de nombreux enfants. Personne n'est insensible à la situation d'une jeunesse innocente et condamnée à des décisions prises par le passé et qui ont un impact sur leur présent et potentiellement leur futur.

J'ai pu également en apprendre davantage en échangeant avec mes amis et proches Arméniens, ce qui m'a conforté dans ma décision.

Passons maintenant à la préparation du projet où cela faisait 1 an et demi que j'avais décidé de me lancer sur celui-ci.

Initialement nous devions le réaliser avec Pierre. Mais n'ayant pas pu s'y lancer il y a 2 ans (car il sentait que c'était le moment), je lui ai fait part de mon intention de le réaliser en 2025 en voulant apposer un FKT; Fastest Known Time (une référence dans le monde du trail).

Il a compris mon choix et m'a soutenu dès la première seconde de mon annonce.

J'avais donc mon premier équipier à bord de ce navire.

Il ne manquait plus qu'à me constituer le reste de l'équipe en commençant la partie com' et recherche de partenaires pour financer une partie du projet et des dépenses.

En ce qui concerne les sponsors, nous avons été rapidement rejoints et aidés par le Trail Club de Provence et Orpi Papazian qui avaient tout 2 déjà soutenu la première édition du projet en 2021. Les Travaux Publics sont venus compléter cette liste afin de nous aider également à leur tour.

D'autres partenaires nous ont grandement soutenu pour le bien du projet : Expert Sport Coaching, la diététicienne et amie Tiziana Ranalli, Terre de Running Marseille, l'équipementier Altore, les associations Amica et Courir Pour La Mémoire, le chronométreur Sportips, les hébergements de l'Auberge de Cannedda à Sari Solenzara et Best Western à Ajaccio (dont l'organisation a été rondement menée par notre chef d'orchestre Ohan) ainsi que la maison de famille de notre Arnaud Favet National, et pour finir Rent a Car d'Ajaccio (encore une fois un énorme big-up à Ohan pour ce filon).

Je tiens à les remercier personnellement et chaleureusement pour leur contribution car ils ont tous contribué à la réussite du projet. En effet, d'avoir l'esprit libre sur l'avant, le pendant et l'après est selon moi indispensable.

Pour l'équipe, la force tranquille en la personne de Lolo s'est rapidement manifesté et a pris part au projet en se mettant en ordre de marche. Il a été rejoint par les "Tic et Tac" Espagnol : Renaud et Camille, ainsi que le feu folet et moteur du groupe : Dylan alias "le D".

Peu après, des renforts de taille et indispensables au projet se sont manifestés, sentant que c’était un projet à ne pas manquer : Nico dont l'expérience et le côté rassurant ne sont plus à prouver et Léa, ma soigneuse en cheffe (désolé car il s'agissait sans doute de la tâche la plus ingrate).

Bien évidemment l'équipe s'est agrandie avec l'arrivée de Tahar et Lyna qui ont su découvrir et se mettre au diapason pour contribuer à l'assistance et bien plus (avec même une petite surprise à venir).

Je ne finirai pas ma constitution d'équipe sans vous parler de Konstantin, qui devait être un simple pacer et qui a fini par faire les 2. Une belle rencontre tout droit venu de Versailles avec un courage et des valeurs (même si l'aventure aurait pu s'arrêter très vite pour lui avec une chute à peine le pied foulée sur la terre Corse).

L'équipe étant constituée, les réunions ayant pu être réalisées (je vous passerai les détails) afin de tout cadrer (en bon militaire et organisateur que je suis), les formations sur les soins ayant pu être suivi avec attention, le départ en Corse et du projet pouvait être lancé.

 

J-2 :

L'arrivée en Corse se passe idéalement, aucun retard, aucun pépin, on profite de la plage, du soleil, de bons repas préparés avec gentillesse par les parents d'Arnaud, d'une bonne nuit de sommeil du côté de Pinnarellu. Encore une fois le plan se déroule comme prévu. On a même le droit d'apercevoir un petit fessier (merci Renaud). Bien entendu on ne la publiera pas pour éviter de choquer les âmes sensibles.

 

J-1 :

On se rend à Conca, ville de départ, où on peaufine le matériel, le rangement du Van et on met une branlée à la pétanque à l'équipe Pierre - Renaud et Lolo.

Était-ce une stratégie de leur part pour ne pas me frustrer avant mon départ (en bon mauvais perdant que je suis) ? Je dirais que nous étions beaucoup trop fort avec l'équipe com' (Dy et Cam).

La nuit s'annonce courte donc on tente de se coucher tôt. Au final je pense n'avoir dormi que 3h. Le réveil sonne c'est l'heure du grand départ.

Là encore départ le dimanche à 4h et 9 secondes (pour vous dire le respect du planning à la minute près).

 

Les étapes :

1) la mise en jambe :

Sur cette étape je pars avec Pierre, Dylan et Renaud et je décide de prendre les devants et mettre du rythme, du beau rythme (j'avais les jambes qui frétillaient depuis que j'avais décidé de calmer complet, soit quasi 12 jours). Et Renaud en a payé les frais en accusant un retard de 15 minutes sur notre arrivée à Bavella.

Les jambes sont bonnes, en forme, prêtes à en découdre et je suis en avance sur les estimations.

 

2) l'étape Alpine :

Sur cette étape beaucoup de chemins en crêtes, des cailloux, des aiguilles et du cassant. Je pars avec Lolo et Konstantin. Ce dernier pète assez rapidement, faut dire qu'on a réussi à rentrer dans le top 5 sur un segment qui part de Bavella au Mont Incudine (soit 23 km et 900 de D+). Je pense que vous aurez deviné que le rythme est encore une fois assez élevé.

La 2ème partie de cette étape me fait mal, avec 4 km d'absence ou il a fallu faire le dos rond tout en avançant, pour finalement pouvoir relancer et rejoindre le Col de Verde. Avec quelques crampes sur une mauvaise manipulation du lit picot de ma part.

 

3) la transition :

Sur cette étape je pars avec Pierre et Camille pour rallier les étapes du Nord.

On boucle l'étape en 4h50, soit plus d'1h d'avance sur mes estimations. Je me sens bien, on avance bien, tout se déroule à la perfection. Un comité d'accueil m'attend au milieu de cette étape : Refuge de Capannelle, l'ambiance était folle avec une trentaine de personnes qui m'y attendaient, un repas 3 étoiles et des encouragements de toute part.

 

4) l'étape des lacs :

Premier dodo à Viezavona et ça repart avec Nico et Renaud.

L'étape est dure dès le départ.

Il s'agit d'une étape majoritairement de nuit, difficile avec du marquage en crête extrêmement compliqué à repérer.

On avance en subissant et à la tombée du jour après une halte dans un refuge, on repart sur un rythme plus approprié à mes standards.

Les nombreuses chutes de la nuit ont laissé des traces mais j'avais décidé d'accepter ces douleurs donc finalement j'en faisais abstraction assez facilement.

Sur cette fin d'étape, Renaud n'a pas réussi à suivre le rythme alors retrouvé, même s'il nous avait en visu jusqu'à son écart de la trace ou l'assistance a pu lui venir en aide ensuite.

 

5) le chantier :

Pour cette étape, c’était le retour du D et de Pierre pour me faire passer le cirque de la solitude.

Konstantin avait décidé de partir 1h30 avant afin qu'on puisse le dépasser et qu'il nous accompagne une petite partie (au final on l'aura doublé au bout de quelques heures et nous l'aurons dépassé instantanément sans même l'attendre).

C'était le deal, le coureur doit avancer et les pacers qui pètent se débrouillent pour rallier l'assistance en fin d'étape.

Cette étape se passe merveilleusement bien jusqu'à la tombée de la 2ème nuit (sur les crêtes après le Cirque).

La partie de nuit est longue, je perds une énergie folle et la fatigue est très prenante.

Mais j'avance et j'essaie de ne pas m'en plaindre. On double finalement Konstantin et sur les crêtes qui suivent Pierre rencontre des problèmes de nausées. On tente une sieste car cela me convenait aussi.

Au final on décide de repartir avec Dylan sous l'impulsion de Pierre qui nous dit que je dois avancer. On refera une halte un peu plus loin, 10 min de dodo réparateur qui me permettront de rallier Calenzana à l'aube en moins de 50h.

Je décide d'augmenter le sommeil de 30 minutes et de passer à 2h30. Une fois réveillé place au repas préparé avec amour par mon assistance 20 étoiles, je passe ensuite par la case soin et massage (merci Léa et Camille).

Léa doit me percer mon premier ongle sous la validation d'Arthur, disponible à n'importe quelle heure (merci mon Arturo 🙏).

Elle fait ça comme une cheffe mais après 180 bornes et un peu plus de 13 000 mètres de D+ croyez-moi que j'ai souffert le martyr. Heureusement ce n'est arrivée qu'une seule fois sur l'ensemble du projet).

Mais les soins et la désinfection auront été ensuite quotidiens.

Il fallait ensuite repartir...

 

6) le chantier bis :

Pour cette première étape du retour, c'est François (TDR) et Lolo qui m'ont accompagné.

Nous progressions extrêmement bien jusqu'à l'arrivée de la nuit où j'ai pris un coup de bambou assez magistral.

Je n'arrivais presque plus à avancer (en tout cas c'est mon ressenti) et la fin d'étape semblait interminable.

Comme je le dis souvent, une claque sur le cul, un bon dodo et ça repart. C'est un peu ce que j'ai fait mais sans la claque sur le cul. Le dodo a été profond et m'a bien requinqué pour l'étape suivante.

 

7) l'étape des lacs le retour :

Sur cette étape je suis reparti avec le D, le Cam et François.

Tout s'est merveilleusement bien passé sur cette étape qui m'a paru bien plus facile que celle à l'aller.

Sur cette étape le D faisait les aller retour aux refuges un peu plus bas afin de recharger l'équipe en eau.

Sur la dernière montée, Cam et François accusait un peu le coup avant de subir le coup de grâce sur la dernière descente, ce qui était rédhibitoire pour François qui a décidé d'arrêter à Vizzavona.

J'ai été accueilli par énormément de personnes à l'arrivée de cette étape ce qui m'a encouragé à repartir assez rapidement.

 

8) la seconde transition :

L'étape de la transition retour ne s'est pas passée comme je l'avais imaginé, c'est-à-dire vite et efficace comme à l'aller. J'avais l'impression de ne pas avancer et c’était le cas car je m'endormais régulièrement en courant...

J'étais pourtant entouré d'une colonie avec Arnaud, Tahar, Renaud, Nico et Konstantin.

La première portion s'est passée plutôt rapidement (3h pour 3h d'estimation) mais la seconde m'a semblé interminable (3h pour 3h d'estimation mais 2h15 à l'aller).

Le passage à mi-parcours de cette étape à Capannelle restera un évènement marquant car j'ai été accueilli comme un roi aussi bien à l'aller qu'au retour.

J'attendais avec impatience l'arrivée sur Verde pour pouvoir reposer ce corps meurtri de fatigue.

 

9) l'étape du mensonge et du régime :

Avant de partir sur cette étape, l'assistance avait décidé de raccourcir mon réveil (je ne l'ai su qu'après) et surtout de ne plus me nourrir (il n'avait pas fait mes fameuses pâtes ou ma soupe dont j'avais le droit jusqu'à ce ravito et qui me convenait si bien).

Camille s'est même réveillé la gueule en vrac en nous disant : "je suis déphasé dites moi ce que je peux faire" se rendant même pas compte qu'il parlait entre autre à un mec qui n'avait que 8h de sommeil en 4 jours 😅

J'ai compris rapidement que ce ravito était dur pour tout le monde.

Je n'ai donc pas insisté et me suis dit que dans tous les cas fallait que j'avance et que j'en finisse.

Il s'agissait de l'avant dernière étape et surtout la dernière "costaude".

Je repars donc après ma traditionnelle révision des pieds.

Sur cette étape Nico et Konstantin poursuivent, tandis que Pierre et le D reviennent dans le game.

Quelques minutes après le départ, le D décide de se préserver et de jouer la prudence en vue du off des Pyrénées en raison de ses soucis d'ampoules.

J'avance bien sur cette étape malgré le manque d'un repas consistant.

Nous nous arrêtons une trentaine de minutes au refuge d'Usciolu, ce qui me permet de faire une petite sieste avant l'avant dernière difficulté de l'étape ou on décrochera notre ami Konstantin.

Au refuge d'après je me tape un saucisse lentilles des familles afin de combler le trou et d'attaquer les Aiguilles de Bavella, signe de la fin d'étape.

Arrivée à Bavella, je suis accueilli une nouvelle fois comme un roi avec notamment un ravito express de 35 minutes ou j'ai pu manger une excellente omelette (ils se sont rattrapés les bougres, boire à ma soif, me faire soigner les pieds, masser les jambes, rechausser avec de nouvelles pneumatiques) et repartir pour avaler les derniers 17 km.

 

10) la dernière :

On repart sur des chapeaux de roues avec Pierre, Nico, Cam et Lolo. Je sens que c'est rapide car le rythme cardiaque, avec la fatigue et l'allure, s'envole et je sens venir le petit vomito. Je décide donc de réduire volontairement le rythme par moment pour calmer tout ça. La source, les encouragements du dernier refuge (Paliri) et la baignade à 7 km de l'arrivée me permettront de voir les kilomètres défiler.

La dernière descente est celle de la consécration et l'aboutissement d'un projet dingue et d'une marque a tout jamais sur le gr20 dans sa version aller-retour.

 

L'arrivée :

Je n'ai pas vraiment réalisé l'ampleur de mon exploit et ne le réalise toujours pas au moment où j'écris ces quelques lignes.

J'ai tout de même attendu ce moment avec impatience pour partager ce bonheur avec tout le monde et apprécié l'aboutissement d'un projet qu'on attendait tous.

Mon arrivée est partagée entre 3 sentiments : - la fierté d'être allé au bout de ce projet indescriptible, - la joie d'avoir partagé cette aventure avec une équipe extraordinaire qui détiennent des valeurs humaines hors norme, - et un sentiment d'accomplissement envers une population qui est reconnaissante du soutien qu'on lui a apporté.

 

 

On finit bien évidemment la phase de remerciements autour d'une bière et d'une pizza qu'on mangera chez les parents d'Arnaud.

 

J+1 et +2 : 

Après une bonne nuit de repos, nous avons pu profiter d'un bon restaurant le lendemain soir afin de trinquer à la réussite de ce projet. Le tout en se remémorant toutes les étapes du projet, les différents ressentis de chacun et les différentes anecdotes.

Il est enfin temps de revenir sur le continent avec des souvenirs pleins la tête.

La com' n'est pas terminée il reste encore un peu de travail, surtout que les sollicitations sont nombreuses. La cagnotte sera ouverte jusqu'à fin août et le projet prendra fin en septembre.

Un méga apéro sera organisé avec les copains qui souhaitent se joindre à la fête afin de partager tous ces moments d'une part, et de remercier chacun d'eux d'une autre.