7jours 20h et 29 min, c’est le temps qu’il m’aura fallu pour faire Thonons les bains- Nice avec mon petit sac de 3 à 6kg… une expérience qui restera inoubliable pour moi.
Départ dimanche 21 juillet matin : nous avions pris un hôtel avec mes amis Laurine et Mael qui ont tenu à m’accompagner sur les premiers km.
Nous partons à 4h du matin mais les orages nous obligeront à attendre 4h40 pour le départ. Nous réalisons les premiers Km sous la pluie et la bonne humeur et successivement Laurine puis Mael me laisseront réaliser mon aventure seule à partir du 38 ieme km. Mon objectif ce jour est de rejoindre Samoens où j’ai réservé un hôtel pour la nuit.
Il y aura beaucoup de pluie cette journée là et cela affecte mon moral : « j’espère que ce ne sera pas tous les jours comme cela ! ». Je m’arrête manger à la chapelle d’abondance. Sous des pluies torrentielles, je m’arrête également au refuge de Chesery où les gentils gardiens me serviront un chocolat chaud et me prêteront une serviette. Je rencontre également des randonneurs très sympathiques qui s’intéressent à mon projet et me soutiennent.
Je finis par arriver vers 21h15 à l’hôtel, je dois alors laver et sécher toutes mes affaires si je veux partir confortablement le lendemain!
Première journée réalisée, je reçois énormément de soutien de mes amis/ famille et même d’inconnus sur les réseaux ce qui me fait un bien fou !
Lundi 22 juillet : je pars vers 6h du matin (une heure de retard oups) pour rejoindre Contamines Mont-joie. Il s’agit d’une petite étape, je souhaitais partir assez tranquillement pour me préserver !
De nouveau, il y a beaucoup de pluie et cela est dur pour mon moral : je n’ai pas de visibilité, je peine à trouver mon chemin, j’ai froid et je suis trempée… mais je tiens car je sais que le ciel bleu finira par arriver ! Et cela finit par se produire : je découvre une vue magnifique sur Chamonix qui me consolera rapidement !
Le reste de la journée se déroule sans encombre et j’arrive à Contamine Mont-joie vers 20h ce qui me permet de manger une délicieuse crêpe, de laver mes affaires et de faire une bonne nuit de sommeil!
Mardi 23 juillet : le départ se fait dans la très bonne humeur un peu avant 4h du matin ! Direction Tignes!
Le temps est magnifique, les paysages sont beaux, je suis soutenue: c’est une journée parfaite ! Les jambes déroulent sans soucis et j’arrive à Tignes vers 22h ! La fatigue commence à se ressentir et je suis malade : je tousse beaucoup et ma voix est enrouée mais cela ne m’empêche pas de courir…
Mercredi 24 juillet : le départ se fait dans la fatigue mais la bonne humeur ! En revanche la journée ne se passera pas tout à fait comme prévu… j’avais mal estimé l’étape : je dois rejoindre Modane le soir où en plus un ami m’attend pour faire les dernières étapes avec moi mais je me rends compte que je n’arriverai pas à temps… je finis alors par courir toute la nuit dans le magnifique parc national de la Vanoise. C’est une journée particulière car à la fois incroyable : j’ai pu voir le lever du soleil, le coucher, la nuit étoilée (et un autre lever de soleil!) dans un parc absolument sublime avec plein d’animaux, mais en même temps très difficile… La nuit j’avoue avoir eu peur et avoir eu du mal à avancer rapidement. A noter que vers 18h je rencontre un traileur qui décide de ralentir et changer son itinéraire pour courir avec moi : quel plaisir ! Cela me fait un bien fou, encore merci Julien !
Jeudi 25 juillet: J’arrive ainsi vers 8h du matin à Modane (et donc très très en retard) avec une nuit blanche dans les pattes (enfin pratiquement j’ai pu réaliser 2 petites siestes d’une quinzaine de minutes dans la nuit…). Mon ami Roony est là, frais comme un gardon pour partir pour Briancon ! Je le suis beaucoup moins, je prends tout de même le temps de prendre une douche, un petit déjeuner et je pars mais les jambes sont lourdes, le moral bas et je suis très fragile. Je pleure pour un rien mais je continue d’avancer, je sais que la forme est fluctuante et que cela finira par revenir ! Et c’est le cas ! Vers le milieu d’après midi je retrouve la force de « vraiment » courir et j’arrive à Briancon vers 22h30. Effondrée de fatigue je n’ai même pas la force de me réapprovisionner en nourriture… Heureusement, une amie m’a apporté un sac que j’avais préparé avec des affaires propres, du shampoing et quelques barres et gels.
Mon ami m’annonce alors son abandon. Je suis au plus bas, j’ai aussi envie d’abandonner… je mange 2 barres protéinées avant de m’effondrer dans mon lit, je ne pense même pas à mettre mon réveil…
Vendredi 26 juillet : mon corps décide de se lever seul à 3h25 du matin ! J’ouvre mon téléphone : les messages de soutien affluent, aujourd’hui je suis chez moi :les Hautes-Alpes!
On m’attend à Ceillac pour manger le midi, je ne peux pas abandonner ! Je pars à 4 h du matin les jambes légères, je vais si bien, je suis si heureuse et fière de moi ! Mais je manque de nourriture, je tourne alors aux gels et à la boisson isotonique ce qui me fait un peu peur… tout va tout de même très bien : le Queyras est mon endroit préféré, il fait beau et je me sens forte!
Pour rajouter de la joie à ma journée, Alix, une traileuse qui a entendu parler de mon projet me rejoint avant le lac de Roue et court avec moi un moment, elle m’a apporté à manger : je suis aux anges ! Je repars rassasiée et le sac plein et rejoins Ceillac où Béatrice (mon ancienne cheffe que j’apprécie énormément) m’invite au restaurant : l’étape gourmande ! Ici je suis très bien accueillie par le patron Yannick qui est aussi traileur !
Je continue mon chemin dans ce cadre magnifique et dans la meilleure humeur possible.
Un élément vient cependant perturber ma joie : le gîte que j’avais réservé pour le soir à Larche refuse de m’accepter après 21h… l’arrivée est prévue vers 22:00-22:30… je ne me sens pas prête à refaire une nuit dehors, cela affecte mon moral et me ralenti.
Mais de nouveau, je bénéficie d’une aide tres précieuse : Mathieu, un traileur de Risoul que je connais depuis peu vient m’apporter son aide en amenant une tente et de quoi me laver et me nourrir ! Il vient à ma rencontre et finit les derniers km pour rejoindre Larche avec moi ! J’arrive à la tente vers minuit, je me lave dans la rivière et bénéficie d’une super soirée avec lui avant de rapidement me coucher!
Samedi 27 juillet: nous repartons avec Mathieu à 4h du matin après une nuit courte mais revigorante ! Il m’accompagne sur les 10 premiers km, je suis totalement ressourcée ! Je remercie infiniment Mathieu pour son aide et je repars seule !
Les jambes sont très lourdes et mes pieds me font mal. Je suis épuisée mais les paysages sont magnifiques et je ne rencontre que des personnes adorables avec qui j’échange rapidement.
A Roya une autre traileuse que j’avais rencontré sur d’autres courses, Marine Delaval, m’attend pour finir avec moi. Ce n’était pas prévu mais cela lui tenait à cœur de me soutenir !
Nous devons rejoindre Rimplas le soir où j’avais réservé à l’hostellerie. Au vue de ma lenteur, nous ne l’atteindrons qu’à 5 h du matin.
Je suis très mal en point, je m’effondre dans le lit, épuisée.
Dimanche 28 juillet : je me réveille très difficilement à 8h, je vois trouble, mes jambes ne répondent plus. J’arrive à atteindre la salle de bain et voit mon reflet : je ne me reconnais pas, mes yeux sont rouges et gonflés, mon visage est creusé. Je commence à me dire que je n’arriverai pas à finir… je mange et bois, mon état s’améliore petit à petit, j’ouvre mon téléphone: je vois tous les messages de soutiens qui me disent de finir mon projet, tous les encouragements. Cela me donne de la force! Marine, son compagnon et ses filles m’aident à me préparer, c’est bon, c’est décidé, c’est plié : je finirai, ce soir, cette nuit ou demain matin je serai à Nice !
Nous débutons la journée en retard vers 10h, mes jambes sont si lourdes, mes pieds me font souffrir. Je suis souvent reconnue sur les courses pour mon sourire mais aujourd’hui, j’ai clairement perdu de mon éclat ! Je pleure souvent, je m’effondre par moment… heureusement que Marine est là pour m’encourager !
Nous nous arrêtons manger à la grange de la brasque où Richard le gardien, ancien rugbyman, m’offre son aide : il sait pratiquer le drainage lymphatique ! Une révolution pour : mes jambes sont légères et j’arrive de nouveau à courir dans les descentes techniques!
Je commence à apercevoir la mer au loin, je suis très émotive: un rien me fait pleurer !
La nuit tombe de nouveau lorsque nous sommes à Levens. C’est dur pour moi d’encore enfiler ma frontale, les larmes coulent mais Marine tient bon !
Je vois Nice, il reste seulement 18km, je tiens le bon bout…
Je finis par arriver à 1h04 devant la maison de l’environnement, le point d’arrivée officiel du GR5. Mes jambes me lâchent sur les derniers mètres je suis exténuée…
Le compagnon de Marine nous attend là et nous ramène à l’hôtel que nous avions réservé. Ça y est c’est fini, je peine à réaliser!
Je dois maintenant digérer cette énorme expérience avant de réfléchir à mes prochains projets. Je crois avoir repoussé au plus loin mes limites. Cette épreuve est un mélange de moments de joie exceptionnelle (les quelques rencontres, les paysages, les aides précieuses et le soutien ainsi que les réflexions profondes que l’on peut avoir sur sois dans ce type d’effort long) mais également des moments de peur, de désespoir et d’épuisement (qui en plus me ramène à ma propre sottise car personne ne m’a jamais obligé à réaliser ce projet…).
Je remercie infiniment toutes les personnes qui m’ont soutenue, que ce soit les randonneurs, les traileurs qui m’ont apporté de l’aide ou tous ceux qui m’ont apporté leur soutien via les réseaux! Et merci à la montagne et à la nature d’être aussi belle !
Merci merci merci