MA HRP EN AUTONOMIE SANS RAVITAILLEMENT ET SANS ASSISTANCE
Du mercredi 3 juillet 2024 à 10 h 30, au jeudi 1 août 2024 à 14 h 44, j'ai effectué la traversée des Pyrénées, via la HRP, en autonomie complète, sans ravitaillement et sans assistance.
DÉFINITION DE L'AUTONOMIE :
D'après le dictionnaire, l'autonomie, c'est : « La faculté d'agir librement, indépendance. »
Dans le cadre du trekking, l'autonomie, est selon moi :
● Avoir recours seulement et uniquement aux ressources, énergétiques et matérielles que l'on dispose dans son sac à dos ainsi que celles fournies par son propre corps (physique, moral).
● Dormir exclusivement avec son équipement de bivouac, dans mon cas, la tente à 29 reprises.
● Porter toute sa nourriture (j'avais 20 kg de nourriture en tout.) sur toute la traversée (790 km).
● Boire l'eau des ruisseaux, la traiter le cas échéant (j'avais un filtre).
● Assurer la recharge de ses appareils électroniques par le biais de batteries externes et ou panneaux solaires. J'avais une batterie externe de 10000 mah et un panneau solaire de 6 watts, pour recharger mon téléphone (Samsung galaxy s10e), ma frontale (Petzl Bindi) et ma balise GPS (Garmin Inreach Mini 2). À noter que mon prédécesseur, Louis Philippe Loncke, rechargeait ses batteries externes en refuge.
● Effectuer soit même les réparations et soins, avec le matériel uniquement présent dans son sac. J'ai dû réparer une hernie et une crevaison sur mon matelas ainsi qu'un trou béant sur ma tente suite à une nuit très venteuse.
● Refuser toute formes d'aides (offres de gâteaux, recharges électriques, coups à boire, s'abriter en refuge trop longtemps, se faire ramasser les bâtons, etc.)
● Éviter autant que possible les infrastructures publiques (toilettes publiques, refuges, bancs, routes)
Évidement, cette traversée peut se réaliser avec des ravitaillements réguliers (refuges, villes). Mon envie était d'une part, de vivre dans un contexte de liberté à l'état pur, sans être dépendant de quoi que ce soit, à part mon équipement. Et d'autre part, expérimenter une nutrition optimale, adaptée à l'effort en randonnée. Cette expérience me sera grandement utile pour d'autres projets, comme la traversée de l'Islande, la traversée de la Laponie suédoise ou des expéditions en haute altitude.
L'ITINÉRAIRE EMPRUNTE :
Le Belge Louis Philippe Loncke, fut le premier à réaliser cet exploit, en septembre 2020, sur une durée de 42 jours, avec un sac à dos de 49 kg au départ. De mon côté, je l'ai réalisée en 30 jours, en débutant avec un sac à dos de 27 kg.
J'ai lu dans son rapport FKT, qu'il s'est largement appuyé sur le tracé de « pyreneo » (voir lien openrunner ci-dessous). Ce tracé est très intéressant, puisqu'il traverse les Pyrénées en priorité sur les crêtes, contrairement aux GR 10 et GR 11, plus longs et vallonnés. On passe aussi aux sommets du pic Carlite (2921m) et du Canigou (2785m). De plus, il évite les villes, la plupart des routes et refuges, inutiles pour un projet d'autonomie. Sa trace n'étant pas très précise, j'ai créé le parcours exact (voir les liens de mon parcours ci-dessous) j'en arrive à une distance plus précise de 686,658 km et 42012,6 m de dénivelé positifs.
Parcours de « pyreneo » : https://www.openrunner.com/route-details/9495592
Mon parcours crée :
Partie 1 : https://www.openrunner.com/route-details/19598700
Partie 2 : https://www.openrunner.com/route-details/19598714
Partie 3 : https://www.openrunner.com/route-details/19598747
Partie 4 : https://www.openrunner.com/route-details/19598759
Partie 5 : https://www.openrunner.com/route-details/19598770
Partie 6 : https://www.openrunner.com/route-details/19598779
Je suis donc le deuxième au monde et premier Français à réussir ce défi exceptionnel. Ci-dessous, un lien vers mon site web avec toutes mes traces GPX. Elles ont été enregistrées, pour la plupart, grâce à mon Garmin Inreach mini 2. J'enregistrais également mes traces avec l'application Visorando, dans les cas où le Garmin se montrerait défaillant. A partir du 11e jour, j'ai décidé de couper les traces GPX en deux pour qu'elles soient plus faciles à enregistrer par mon Garmin.
https://jujumillet.wixsite.com/julien-coach-rando/traces-gpx
MON ÉQUIPEMENT POUR CETTE TRAVERSÉE :
Louis Philippe Loncke indique dans son rapport, qu'il a pris le départ de sa HRP en autonomie, avec un sac à dos de 49 kg. Je ne connais pas son poids en nourriture. De mon côté, je suis parti avec un sac pesant près de 27 kg, dont 20 kg de nourriture, 6 kg d'équipement et 1 kg d'eau (cliquer sur le lien ci-dessous pour avoir accès à tout mon matériel au gramme près). Pour la nourriture, vous avez les détails au paragraphe suivant.
https://lighterpack.com/r/31567s
Voici mes principaux équipements emportés :
● Sac à dos : ULA Ohm 2.0 (850g)
● Tente : Zpacks Duplex (700g)
● Duvet : (Quilt) : Bandit Quilt 12 F (-12° ; 850g)
● Matelas : Thermarest prolite 3 short (120cm;420g)
● Chaussures de trail : Merrell Agility Peak 4
● Gourde : Bouteille 1L Perrier
● Bâtons : Quechua Mt500
● T-shirt synthétique : Cimalp Bauges
● Short : Domyos
● Chaussettes : Monnet Trek expert
● Balise Secours GPS : Garmin Inreach Mini 2
● Panneau solaire : Sunslice Flex 6 watts (130g)
● Batterie externe : Nitecore NB10000 (150g)
● Frontale : Petzl Bindi (30g)
● Veste de pluie : Haglofs LIM Comp Jacket (240g)
● Pantalon de pluie : Evadict Kiprun 900 (180g)
● Doudoune : Enlightened Equipment Torrid Apex Jacket (250g)
● T-shirt rechange mérinos : Forclaz Travel 500 (140g)
● Chaussettes Mérinos de rechange : Monnet (40g)
● Collant mérinos ¾ : Forclaz (140g)
● Polaire : Millet Lightgrid (220g)
● Bonnet/Buff/Gant : Mérinos Forclaz (100g)
Le cinquième jour, une nuit venteuse provoque un trou au sommet de ma tente. La nuit suivante, une hernie se crée sur mon matelas. J'ai dû dormir trois nuits sur mon matelas de secours de 5 mm d'épaisseur (qui sert aussi de dossier à mon sac à dos). Dans les deux cas, il a fallu que je répare ces deux équipements avec uniquement mon kit de réparation. Par chance, ces deux grosses réparations ont tenu jusqu'au bout, m'évitant tout assistance.
MA NUTRITION POUR CETTE TRAVERSÉE :
Pour réaliser cette traversée en 30 jours, j'avais un sac à dos d'un poids de 27 kg au départ, dont 20 kg de nourriture. J'estimais l'autonomie alimentaire à 32 jours en rajoutant 5 jours de réserve (retards dus à la météo et/ou problèmes physiques, imprévus). Comme je le dis souvent, il s'agit d'un défi nutritionnel avant tout. En effet, il s'agit d'emporter une nourriture à la fois : riche en apports nutritionnels, très digeste, conservable et légère. Je me suis donc entièrement dirigé vers une alimentation végétale et cru et plus particulièrement vers les graines et fruits secs. Voici le détail :
● 7 kg (7 sachets de 1 kg) de raisins secs bio
● 5 kg repas salé (10 sachets de 500 g) :
Amandes trempées (220 g) /Graines de sarrasin germées (220 g) /Orties (20 g) /sauce tomate Panzani (40 g). Le tout séché séparément au déshydrateur.
● 8 kg de « boules d'énergies » (16 boules de 500 g) :
Amandes trempées déshydratées mixées (160 g) /graines de sarrasin déshydratées mixées (80 g) /raisins secs (80 g) /dattes (80 g) /miel (50 g) /coco râpée ou cacao en poudre (40 g) /ortie déshydratées mixées (15 g)
Chaque jour, j'avais une consommation de 600/750g de nourriture :
● 200/250g de raisins secs, que je mangeais régulièrement durant la marche (toutes les 5/10min).
● 250/300g de « boule d'énergie », durant les pauses plus longues (15 à 20 minutes, trois dans la journée).
● 150/200g de ma recette salée. Je réservais cette nourriture uniquement le soir pour permettre à la digestion (gourmande en énergie) de s'effectuer durant la nuit et non durant la marche en journée.
Je tiens à préciser que les quantités de nourritures étaient adaptées en fonction de l'effort, du profil d'étape de la journée et de ma progression sur la traversée. Au départ à Hendaye, je pesais 66 kg, à l'arrivée à Banyuls-sur-Mer je faisait plus que 60 kg. 6 kg de perdu, ce que je trouve très acceptable compte tenu de l'effort considérable quotidien. Je marchais entre 10 à 12 heures dans la journée.
MA JOURNÉE TYPE :
● 7 h 30 : Lever aux rayons du soleil, sans réveil
● 8/9 h : Début de la randonnée
● 11 h : Première pause (15/20min)
● 13 h : Deuxième pause
● 17 h : Troisièmes et dernières pauses
● 19/20 h : Recherche du bivouac et fin de la journée de marche
● 20/22 h : Repas du soir, téléchargement des traces GPX, toilette, lessive, réparations, soins, écoute musique, préparation de la prochaine journée (topo, nourriture, météo), internet si réseau, etc.
● 23 h : Extinction des feux
Répété 30 jours d'affilé...
MA TRAVERSÉE EN QUATRE-QUARTS :
Premier quart : sac à dos au plus lourd, quelques douleurs aux hanches et aux épaules. Difficultés à manipuler tous les sacs de nourritures au bivouac. Le pays basque était relativement vallonné et peu technique parfait avec le poids de mon sac. Mes ressources mentales et physiques étaient au maximum (excitation du départ).
Deuxième quart : entrée dans les Hautes-Pyrénées, le sac était encore lourd (20 kg environ). J'étais très lent et patient dans les montées, mais ça se passait relativement bien. J'ai subit une nuit très venteuse qui troua ma tente et mon matelas développa une hernie. J'ai eu beaucoup de doutes concernant la réussite de ce projet. J'avais l'impression d'avoir déjà perdu beaucoup de poids. Ma nutrition se révélait super efficace, j'avais beaucoup d'énergie et j'étais relativement satisfait de manger tout le temps la même chose (voir ma nutrition plus haut).
Troisième quart : la partie la plus difficile selon moi. Je n'avais ni l'excitation de départ ou d'arrivée, je venais de dépasser la moitié mais j'étais encore très loin de la fin. Mes ressources mentales et physiques étaient déjà bien entamées, j'avais de moins en moins de motivation au réveil pour aller marcher 10/12 h toute la journée. Toutefois, le portage du sac à dos devenait acceptable (moins de 16 kg). À ce stade, j'ai pu faire un premier bilan de ma consommation de nourriture et sur ce point, j'étais en avance ! J'ai donc pu augmenter légèrement les doses, notamment en raisins secs et ma nourriture salée du soir.
Quatrième quart : les jours les plus longs. J'étais excité à l'idée d'arriver : retrouvailles avec mes proches, retrouver une alimentation ordinaire (pizza, gâteau par exemple), raconter mon aventure, etc. Si ma tête était déjà arrivée, mon corps physique ne l'était pas. Cette dissonance cognitive créait de la frustration chez moi, j'avais l'impression que les derniers jours étaient interminables... À ce stade de l'aventure, le sac était super léger (moins de 12 kg) et l'itinéraire facile (vallonné, peu technique) comme au pays basque. J'ai pu adapter le reste de mes vivres au jour près, afin de finir ma traversée en ayant tout consommé.
LES PRINCIPAUX CHIFFRES (tirés de mon GPS Garmin Inreach Mini) :
● Distance réelle parcourue (relevé sur le GPS) : 790,078 km
● Durée réelle : 30 Jours ; 4 Heures ; 14 Minutes ; 4 Secondes. (Départ : 3 juillet 2024 à 10 h 30 m 34 s ; Arrivée : 1er août 2024 à 14 h 44 m 38 s).
● Moyenne : 26 km/jour. Je marchais entre 10 et 12 heures par jour (pauses comprises).
● Temps de marche total effectif : 251 Heures et 49 Secondes. Une moyenne d'environ 8 h/jour
● Poids du sac à dos au départ : 27 kg (6 kg d'équipements ; 20 kg de nourriture ; 1 kg d'eau).
● Poids du sac à dos à l'arrivée : 6 kg (j'ai tout mangé ! J'ai adapté la quantité de nourriture restante en fonction de la durée qu'il me restait à faire).
● Quantité d'eau consommée : Environ 1200 litres d'eau pure de montagne (4L/jour)
● Poids moyen du sac : 16/17 kg (6 kg+(20/2))
● Mon poids au départ puis à l'arrivée : 66 kg (départ) / 60 kg (arrivée).
● Fréquence cardiaque (pulsations/minute) au repos au départ puis à l'arrivée : 65 (départ) / 40 (arrivée)
● Poids total de mes déchets : 78 g (sacs congélation nourriture, pansements, ruban adhésif). J'ai tout conservé jusqu'à l'arrivée.
● Météo : 28 Jours de très beau temps, un après-midi de pluie (jour 4), deux orages en nuitée, un orage l'après-midi (jour 23). Sur ce point, je remercie mère nature de m'avoir offert une météo aussi favorable, tant pour la réussite de ce projet que pour l'appréciation de la beauté des paysages pyrénéens.
CONCLUSION :
Quelle aventure extraordinaire ! Trente jours de pure liberté, où j'étais seul avec la nature et mon équipement. Pour tout vous avouer, je ne pensais pas que ce projet se déroulerai aussi bien. J'ai eu beaucoup de chance avec la météo et mon corps n'a eu aucun souci particulier (malaise, douleurs, maladies). J'ai donc pris beaucoup de plaisir malgré l'envergure du défi. Quand on y réfléchit bien, j'ai tout simplement écouté et utilisé mon corps le plus naturellement possible. Je me reposais quand j'étais fatigué, je m’alimentais quand je voulais plus d'énergie, je buvais quand j'avais soif, je me baignais dans les lacs pour me laver et je faisait beaucoup d'activité physique. Cela, pendant 30 jours consécutifs...
S'il y a des choses que je changerai ? Peut-être varier un peu plus ma nourriture. C'est-à-dire, avoir au moins deux/trois recettes salées, deux/trois recettes de boules d'énergies/barres énergétiques, enfin varier un peu plus les fruits secs (bananes séchées, dates). Aussi privilégier davantage de quantité en sucré en journée (boules d'énergies) et un peu moins de nourriture salée le soir. Du côté de mon équipement, pas grand-chose à changer mis à part quelques détails par ci pas là.
Maintenant, je souhaite de tout cœur partager cette magnifique aventure au travers un livre, qui portera sans doute le titre « La HRP en 30 jours. Comment j'ai traversé les Pyrénées en autonomie, sans ravitaillement et sans assistance en mangeant des graines et des fruits secs ». Il sera visible, dès que possible, sur mon site web « juliencoachrando.fr ». Sur ce site, vous y trouverez le compte-rendu détaillé de cette traversée (lien ci-dessous) ainsi que mes services de coaching et Ebooks pour aider les trekkeurs de tous niveaux à trouver leur équipement idéal et préparer leur future aventure. Peut-être une traversée des Pyrénées en Autonomie qui sait ?
https://jujumillet.wixsite.com/julien-coach-rando/mon-compte-rendu-de-hrp