FKT: Marie-Hélène Rivet - La Grande Boucle des Hauts Sommets de Saint-Donat (QC, Canada) - 2022-08-13

Route variation
loop
Multi-sport
No
Gender category
Female
Style
Supported
Start date
Finish date
Total time
16h 31m 38s
Report

Journal de ma course.

4h45 du matin, j’ai débuté mon parcours motivée, déterminée, mais aussi effrayée d’être seule dans le noir en pleins milieu du bois. J’ai décidé de débuter mon parcours au stationnement du mont Ouareau afin de parcourir la partie plus sauvage en premier et terminer dans une zone très familière pour moi. Après 1 km, j’avais déjà déchiré mon pantalon, j’avais un peu de sang et j’étais pleine de bouette. Parfait, c’était réglé pour le restant de la course. Je me cherche un peu dans les premiers Km. On dirait que le balisage a été enlevé. Une chance, j’avais ma carte du trajet sur ma montre. J’avançais dans le noir lorsque j’ai aperçu à la lueur de ma lumière frontale deux grands yeux brillants qui me regardaient. Hey salut, je ne fais que passer. La bête s’est éloignée en courant me laissant avec une frousse incroyable. Ça ressemblait à un très gros chien. Pas question que ça m’arrête. Ma stratégie a été de parler fort jusqu’au levé du soleil afin que mes compagnons de la forêt soient avertis de ma présence. Arrivé au secteur de la crique St-Loup, le balisage était parfait pour le restant de la course. Je me suis repéré facilement malgré les arbres tombés et la végétation qui parfois a pris le dessus sur le sentier. Je sentais que j’étais la première à passer cette année dans certaine partie plus sauvage du parcours. Je connaissais une partie du parcours pour l’avoir fait il y a deux ans. Je savais à quoi m’attendre. Carl est venu me rejoindre au Cap Lafrenière. J’étais rendu à environ 14 km. Je me sentais bien, pleine d’énergie et heureuse.

Les 20 km suivants étaient de l’inconnu pour moi. J’ai pris plaisir à découvrir le sentier. Des papillons ont fait la course avec moi, le soleil brillait et la vue était magnifique. Les sentiers étaient très mouillés et glissant. Je suis restée prudente. Rendu au stationnement du secteur Pimbina, j’avais encore de l’énergie. Carl était au petit soin avec moi et m’encourageait à m’alimenter. J’étais rendu à 34 km. Les 5 km suivant étaient sur la route avant de retourner dans le sentier au Cap-de-la-fée. 39 km, super j’avais fait la moitié. J’ai réussi à garder mon positivisme tout le long. Les km suivants commençaient à être plus long. Je me suis rendu au prochain ravito sur le chemin Nordet sans trop de misère quand même. J’ai atteint le 47 km. Le départ du ravito a été plus difficile. Je me sentais essoufflée. Après analyse de ma course, je crois que je commençais à être déshydraté. Pas question d’abandonner. J’ai focussé un km à la fois me faisant des petites victoires à chaque km complété. J’étais à quelques mètres de rejoindre Carl et Érick au Lac Lézard. Ça me motivait. À 57 km, j’aperçois mes deux motivateurs. Érick me transmet rapidement sa bonne humeur et son énergie, pendant que Carl me donne ses instructions sur mon alimentation. J’arrivais encore à courir, mais je ressentais la fatigue. La plus longue course que j’ai fait était de 58 km. Mon corps entrait dans une zone inconnue. En haut de la montagne Noire, à 60 km, j’avais très faim. Ça ne m’arrive jamais pendant une course d’avoir faim. J’ai mangé une barre Naak au complet avant de repartir. J’ai puisé dans mes réserves d’énergies pour arriver à gambader de façon maladroite dans la descente. J’ai suivi Érick sans trop penser. C’est au dernier ravito, dans le stationnement de la montagne Noire, que je me suis senti casser physiquement. Mon moral et mes pensées sont restés positifs, mais mon corps n’en pouvait plus. J’étais rendu à 65 km. Encore une fois, il était hors de question d’abandonner. J’étais tellement contente qu’Érick soit là. Il a fait la différence pour mes derniers km avec ses chansons, ses blagues et sa bonne humeur. Je n’arrivais plus vraiment à courir. Mes réflexes étaient plus ou moins présents. J’ai pas mal fait juste de la marche rapide pour le restant du parcours. Je ne sais pas comment j’ai fait pour réussir à continuer d’avancer, mais il était hors de question de m’arrêter. Je suivais Érick sans trop réfléchir. Je me répétais que chaque pas me rapprochait de la fin et de la réalisation de mon objectif. Je ne suis pas la plus rapide, mais je crois avoir une détermination et un mental solide qui m’a propulsé au-delà de ma force physique. La descente du mont Ouareau m’a semblé interminable. Quand j’ai enfin passé la ligne d’arrivée, 16h après l’avoir quitté, l’émotion intense de fierté m’a envahi. Carl était là, mon coach, mon amoureux, celui qui me fait croire en moi.