Après des mois de préparation (physique, mentale et événementielle), le Dimanche 19 juin 2022, c’était le départ à 7h00 de la gare routière d’Honfleur pour la traversée du GR223 en courant - de Honfleur au Mont Saint Michel dans l'objectif d'établir un premiers temps féminin sur ce GR et de récolter des fonds pour le service Pédiatrie du Centre Hospitalier Public du Cotentin (50).
Après une nuit de pluies et d’orages, dès le début, je suis accompagnée par quelques coureurs (Chris, Cyril et Olivier) sous un temps mitigé mais frais. Une centaine de mètres après le départ, patatra, je me foule la cheville car je suis dissipée à essayer de faire fonctionner ma balise. Ni 1, ni 2, je reprends mon souffle et me remets en course en boitillant légèrement le temps que ça se réchauffe - ça va l’faire.
35 kilomètres plus tard, mes compères du départ retrouvent leur voiture et je continue la balade solo. Jusque là : du bitume, de la plage, un peu de forêt - bref, pas mal de terrains diversifiés en peu de temps. C’est sur, l’aventure sera belle. Traversée des villes balnéaires, Deauville, Cabourg…, la première journée à 100 bornes se passe sans encombres, mais parsemée d’averses et de vent, majoritairement de dos - parfois de face. Les premiers sentiers non débroussaillés sont apparus dans l’après-midi ; les orties mettant à mal mes jambes toutes clean . La cheville se fait un peu douloureuse et j’ai déjà compensé en modifiant ma foulée, provoquant ainsi d’autres petites tensions qui seront vite arrangées grâce à ma kiné perso . Mehdi m’a accompagnée quelques kilomètres en vélo et à pied. Dans l’aprem, on a eu plaisir à croiser les copains Max et Manon dont on traversait leur ville. Allez, place au repos. Demain, il faut repartir.
Lundi 20 juin, départ 4h40, pour une nouvelle journée qui s’annonce plutôt plate en termes de dénivelé avec une bonne dose de sable. La météo est plutôt clémente. Le vent dans le dos, j’avance à bon rythme. Comme la veille, je prends le temps le midi de faire une sieste de 10 minutes dans le van , de me changer et de repartir comme neuve pour les 40 derniers bornes de la journée. Mon cousin Anthony et Mehdi m’accompagnent pour une portion de 20 bornes où j’ai fait l’erreur de changer de chaussures pour privilégier un drop plus important. Choix que je regretterai vite, me provoquant de nouvelles douleurs au tibia (et dont je ne me débarrasserai pas jusqu’à l’arrivée ).
Dès le ravito suivant, je récupère mes Altra qui soulageront rapidement mes pieds. Une fois de plus, ce fut une journée chargée de sentiers non dégagés, avec cette folle sensation de ne pas avancer . La fin de ce lundi n’est pas simple car la fatigue commence à se faire sentir mais c’est Ok. Un arrêt peu après Carentan, j’ai commencé un nouveau tournant du tracé et ça fait plaisir : on remonte la côte normande, direction la mer de la Manche. Mehdi m’accompagnera jusque la fin de journée
Mardi 21 juin, départ 4h20 : la nuit a été courte, les jambes ont bien fourmillé et je ne savais pas trop comment me positionner pour dormir. Les articulations sont toujours aussi rudes au réveil, mais une fois la machine réchauffée, ça repart avec Mehdi - à plus petit rythme encore. Des kilomètres de sable. Des dunes et des paysages à couper le souffle appuient la motivation pour aller de l’avant.
Clairement, l’allure a été réduite. Je n’arrive pas à marcher mais je trottine aussi (peu) vite que quelqu’un qui marche à côté de moi. Les hanches sont verrouillées, les jambes douloureuses mais le mental est là. Un pas après l’autre, je ne recule pas.
La journée se déroule, et je décide de finir, accompagnée de ma sœur Noémie (qui se relaye avec Mehdi), un peu plus tôt avec « seulement » 70 kms pour l’étape du jour, peu après le phare de Gatteville, afin de me requinquer le soir et repartir plus fraîchement le lendemain. Petit plaisir du jour : un nouveau tournant vers l’ouest du parcours a été amorcé. Un petit coucou d’Eléonoe fait également plaisir avant d’aller dormir .
Mercredi 22 juin, départ 3h00 : la nuit de 4/5 heures à été salvatrice. La remise en route est toujours compliquée mais ça repart, toujours à allure de tortue . Cette partie du parcours, et depuis la veille, j’ai l’avantage de le connaître et de savoir à quoi m’attendre. Walid nous rejoint à pieds pour nous accompagner sur quelques kms, puis Michel nous retrouve à vélo un peu plus tard également.
Dans la matinée, avec Mehdi, on passe Cherbourg, la moitié du parcours est faite. Mine de rien, même si le moral est toujours bon depuis le début, ça motive davantage. On croise Vince. Léa et Eléonore font quelques kilomètres avec moi. L’après-midi défile et les paysages sont toujours aussi incroyables. A Goury, beaucoup de personnes sont venues encourager ; je ressens leurs émotions et ça fait chaud au cœur Je finis la journée vers 22h avec les falaises plus escarpées de la Hague (allure : 3km/h - il ne fallait pas être pressé je vous dis ) et un coucher de soleil toujours aussi magique .
Jeudi 23 juin, départ 3h20 : p’tite nuit mais le vent entendu durant la nuit m’a convaincue du bon choix de faire la Hague la veille au soir. Nous repartons, toujours avec mon acolyte préféré , vent de côté pour une nouvelle journée qui s’annonce, une fois de plus, agréable. A partir de maintenant, il n’y aura plus qu’à descendre, tout droit, jusqu’au Mont Saint Michel .
Au programme : dunes, sentiers et sable . Les jambes sont rodées au terrain même si elles ont toujours du mal à avancer. PA nous fait le plaisir de nous rejoindre dès 5h du matin pour quelques bornes à vélo jusque fin de matinée. La journée file et la fatigue se fait de plus en plus sentir (surtout quand je ne dors que 2/3 heures). Petit à petit, je prends conscience que je n’arriverai sûrement pas au Mont Saint Michel le samedi comme je l’aurais souhaité . Mais, l’objectif initial étant avant tout d’aller jusqu’au bout du périple et de récolter des fonds pour les enfants hospitalisés, je ne lâche pas le morceau : « mets un pied devant l’autre, t’avances, c’est déjà bien ».
Paul nous rejoint et nous accompagnera jusqu’à la fin de la journée, à Portbail, où plusieurs personnes seront également présentes pour encourager. Les 400 bornes sont dépassés. Allez, plus que 200 . 19h30, il est l’heure de se poser pour dormir devant un magnifique coucher de soleil à Portbail .
Vendredi 24 juin, départ 2h30. On profite de la marée basse pour passer de l’autre côté de la rive . Encore des kilomètres de dunes à parcourir, une micro sieste de 5 minutes sur un morceau de caillou à 5h du mat’ puis une autre vers 8h - la fatigue commence à être vraiment difficile à gérer mais ça l’fait .
A partir de maintenant, Mehdi m’accompagnera totalement en vélo et me servira de Sherpa attitré . Dans l’après-midi, Christophe (venu de Rouen ) nous fait la surprise de nous rejoindre au milieu des dunes et de parcourir quelques kilomètres avec nous !
Ça continue d’avancer tranquillou biloute. La journée défile, il est 19h et je commence à compter : il me reste 110 kilomètres, à telle allure, je pourrai arriver dans la nuit de samedi à dimanche si je ne m’arrête pas à dormir ce soir. Alors, j’hésite, je réfléchis, je suis fatiguée, mais en même temps, 3/4h de sommeil ne me font plus grand chose.
Soit j’essaye de tout tracer , quitte à arriver au Mont de nuit, soit je prends le temps, je m’arrête, je dors et je repars mieux au petit matin. C’est finalement la deuxième option que je choisirais en réfléchissant au pourquoi de cette aventure : partager une expérience dans l’objectif de récolter des fonds pour les enfants hospitalisés . Si j’arrive de nuit, alors cette raison perd de son sens. On met les voiles à Agon, tandis que la météo se dégrade (vent + pluie) .
Samedi 25 juin, départ 3h00 : allez, go, c’est le dernier réveil pour boucler ces 620 bornes à pied ! C’est dur, mais c’est pour la bonne cause !! Motivation activée, jambes relancées, c’est parti pour 110 nouveaux kilomètres. A 3/4h du mat’, alors que nous étions dans les hautes herbes, une loupiote apparaît . C’est Paul qui arrive, sorti de nulle part ! La motiv’ qui fait plaisir. De nouvelles micro siestes habilleront cette journée parsemée de pluie et de quelques rafales de vent. Paul rentrera vers 13h, et sera relayé par Momo, Mathieu et sa sœur pour quelques kilomètres entrecoupés d’un peu de blabla avec Chloé. L’après-midi est longue, je ne vous le cache pas . En fin de journée, Mélanie nous retrouve pour parcourir les beaux sentiers de Carolles .
Puis, on enchaîne avec la nuit du samedi au dimanche sans s’arrêter pour dormir réellement. A ce moment, je regarde comment Mehdi marche de manière rapide et je prends le temps de décomposer le mouvement : lever la hanche, déplier le genou, poser le pied et répéter avec l’autre jambe. Hourraaaa j’y arrive !! Et je me mets aussi en marche rapide - j’avance presque plus vite qu’avec mon trottinement utilisé ces 4 derniers jours .
Avec Mehdi, on luttera une bonne partie de la nuit à tituber, tels deux bourrés à la sortie de la boîte de nuit . Il ne fait pas très chaud et l’air est humide. Vers 3h du mat’, la fin nous semble interminable, alors on se motive et on accélère la cadence : je me mets à « courir » à bien meilleure allure et on avance, jusque 5h du mat’
A ce moment, il nous reste plus que 10 kms pour arriver au Mont Saint Michel . Mais, la veille, afin de bien conclure cette aventure partagée en équipe, j’avais convenu d’un départ groupé de la passerelle du Mont à 10h30 uniquement, pour effectuer le dernier kilomètre tous ensemble . Alors, je me suis arrêtée à 5h00 du mat’ et repris les chemins à 8h30 pour boucler la fin en marchant et étant accompagnée de ma tante.
Dimanche 26 juin, 10h42 : fin de la traversée 223 avec un accueil inoubliable au Mont Saint Michel, une épreuve humaine hors normes et bien au-delà de mes espérances . Un énorme merci à toute l’équipe, famille et amis, qui m’ont suivi dans cette aventure. Je sais que ça n’a pas toujours été facile et qu’il a fallu s’adapter , mais vous avez su le faire à la perfection . Sans vous, sans cela, cette aventure n’aurait pu avoir lieu. Voir le sourire (et les pleurs) sur chacun des visages à l’arrivée et durant toute cette traversée a été un réel bonheur. Merci également aux différents partenaires qui m’ont fait confiance dès les premiers instants où je leur ai parlé de cette aventure et qui ont accepté de m’accompagner dans ce projet.
L’aventure n’est pas finie. Désormais, place au repos. La cagnotte pour les enfants hospitalisés est toujours ouverte. Le montage de la vidéo par Vincent est en cours.
Par la suite, j’utiliserai les dons pour faire des achats (livres, décorations, jeux, intervention prof de yoga ou autre) et les remettrai au Centre Hospitalier Public du Cotentin. La cagnotte est encore ouverte : https://www.leetchi.com/c/courir-le-gr223
Merci et partagez la vie !