Le taxi me dépose au Pont de Bramousse vers 8h30, et je prends le départ à 8h45. Pourquoi ce point de départ ? Parce qu’il est le plus proche de la ville. La météo est idéale, le soleil illumine déjà le Col de Bramousse. Le rythme prévu est facile à tenir, presque trop : je dois me freiner pour ne pas aller plus vite. J’arrive en haut frais et confiant.
La descente vers Ceillac est agréable : le village est superbe, avec sa belle église que l’on longe sur le parcours. De là, direction le Col des Estronques : une montée un peu longue mais régulière, qui passe sans problème. Derrière, la descente vers Saint-Véran m’amène au bout d’environ 4 heures de course. Pause ravito : un sandwich copieux, parfait pour recharger.
Ensuite, cap sur le Col de Chamoussiere. Le long faux-plat au départ, que je marche en mangeant, casse un peu le rythme : les kilomètres défilent plus lentement. Dans les monts, le moral flanche pour la première fois, alors que cela ne fait que 6 heures que je cours. Mais la descente vers le Refuge Agnel, très accueillant, redonne le sourire. Je refais le plein d’eau, puis enchaîne avec le Col Vieux. Courte montée, musique dans les oreilles : le panorama au sommet, avec le lac en arrière-plan, est splendide.
Vient ensuite une descente de près de deux heures, cassante, mais je parviens à relancer sur le plat final. J’arrive à Ristolas, puis remonte vers la Colette de Gilly. Le soleil se couche, je croise quelques vaches, et j’allume la frontale pour basculer de l’autre côté.
À Abriès, vers 21h15, j’apprends que Sacha – qui devait m’accompagner – a du retard : correspondance ratée, il arrivera trois heures plus tard. J’en profite pour m’allonger près de la magnifique église du village, dont les cloches me réveillent à 22h. Quand Sacha arrive enfin en taxi, nous repartons ensemble vers la plus longue montée du parcours : le Col de Malrif.
Cette ascension de nuit, sous un ciel dégagé et une lune éclatante, est magique. L’énergie de Sacha me relance. Nous atteignons le sommet vers 1h20 du matin. Derrière, la descente vers Les Fonts est longue et difficile à relancer, d’autant qu’un troupeau de patous nous bloque une dizaine de minutes. Après Les Fonts, nous repartons vers le Col de Péas, qui passe très bien, puis profitons d’une descente roulante vers Souliers. La motivation est maximale : le plus dur est derrière nous.
À Souliers, je prends de l’eau, quelques boules wasabi et un Red Bull pour rester éveillé. Ensuite, cap sur le Col du Tronchet. Sacha est en jambes et imprime un rythme solide. En haut, je suis épuisé, mais il reste le dernier effort : le Col de Furfande. C’est un col que je connais, j’y ai de bons souvenirs, et je sais que ça va passer. Sacha, un peu juste, me pousse à continuer seul car le record devient serré.
Je monte donc en accélérant, puis attaque la dernière descente. Je pensais marcher vite à cause d’une grosse douleur au genou, mais le doute s’installe : je me remets à courir pour assurer. Les derniers kilomètres sont tendus, mais j’atteins enfin le Pont de Bramousse.
Temps final : 25 heures, 42 minutes et 22 secondes.
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English version
The taxi dropped me off at the Pont de Bramousse around 8:30 a.m., and I started running at 8:45. Why this starting point? Simply because it was the closest to town. The weather was perfect, with the sun already shining on the Col de Bramousse. The pace I had planned was easy to hold, almost too easy—I had to hold myself back not to go faster. I reached the top fresh and confident.
The descent to Ceillac was smooth: a beautiful little village, with its church standing out along the route. From there, I climbed the Col des Estronques—a fairly long but steady ascent, which went without issue. The descent toward Saint-Véran brought me there after about four hours of running. Time for a quick refuel: a hefty sandwich, perfect to recharge.
Next came the Col de Chamoussiere. The long false flat at the start, which I hiked while eating, slowed my rhythm and made the kilometers feel longer. In the mountains beyond, my morale dipped for the first time—even though I had only been running for six hours. But the descent to Refuge Agnel, a very welcoming stop, lifted my spirits. I refilled my bottles and continued toward the Col Vieux. A short climb with music in my ears—at the top, the view over the lake was stunning.
Then came a nearly two-hour descent, tough on the legs, but I managed to pick up speed again on the final flat section. I reached Ristolas, then climbed toward the Colette de Gilly. The sun was setting, cows lined the trail, and I switched on my headlamp for the descent.
At Abriès, around 9:15 p.m., I learned that Sacha—who was supposed to join me—was delayed: a missed connection, three hours late. I took advantage of the wait to lie down near the village’s beautiful church, its bells waking me at 10 p.m. When Sacha finally arrived by taxi, we set off together toward the longest climb of the loop: the Col de Malrif.
That night climb, under a clear sky and a bright full moon, was magical. Sacha’s energy gave me a huge boost. We reached the top around 1:20 a.m. The descent toward Les Fonts was long and hard to push on, made worse by a herd of sheepdogs blocking us for about ten minutes. After Les Fonts, we climbed to the Col de Péas, which went smoothly, and then enjoyed a flowing descent down to Souliers. Motivation was sky-high—the hardest part was behind us.
At Souliers, I refueled with water, some wasabi peanuts, and a Red Bull to stay awake. Next, the Col du Tronchet. Sacha was strong and set a solid pace. At the top, I was exhausted, but only one last climb remained: the Col de Furfande. It’s a climb I know well, with good memories, so I was confident it would go. Sacha, running low on energy, urged me to push on alone—the record was getting tight.
I pushed harder on the ascent, then started the final descent. I thought I would just power-hike because of sharp knee pain, but doubts crept in, so I started running again to make sure. The last kilometers were tense, but at last I reached the Pont de Bramousse.
Final time: 25 hours, 42 minutes, and 22 seconds.
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UN GRAND MERCI A SACHA